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[ Nom: Dorievsky [ Prénom: Zénobe [ Âge: 31 ans [ Nationalité: Russe
[ Clan: Les Résineux [ Pouvoir, plant, animal: Empathie [ Statut: Prof et cuisinier à la cantine [ Étude ou cours donné: Gastronomie [ Régime alimentaire: Aucun. Pour la simple et bonne raison qu'il lui est interdit de manger. [ Allergie: La pluie, l'humidité... Tout ce qui mouille et le fait gonfler et grincer, l'obligeant à se rendre une fois de plus dans le bureau blanc et aseptisé de l'infirmier de la pension. [ Rapport avec Emonalis: Zénobe n'aime ni ne déteste. Il s'adapte... c'est tout. |
{ Histoire }
C'était arrivé brusquement. Sans même qu'il ait pu l'anticiper. Subit mais pas violent... Plutôt inattendu. Et pourtant on ne peut plus banal. Il venait de s'éveiller.
Les sensations affluaient de nouveau dans son corps, il avait conscience de chacun de ses muscles, conscience de sa conscience, conscience d'être en vie,... C'était normal, il le savait. C'était commun, il le savait. Mais il aurait juré que ce réveil était le premier, qu'il venait à peine de commencer d'exister. Drôle d'impression que celle de prendre conscience de soi-même...
Il ouvrit les yeux. Pas complètement. Juste un peu pour distinguer des formes floues entre ses cils, les paupières plissées pour ne pas à avoir affronter trop vite la lumière qui inondait la chambre. La fenêtre était sur sa gauche. Il le savait. Elle était ouverte sur le jardin et faisait face au pommier. En été, il n'avait qu'à tendre la main pour y cueillir les petites sphères jaunes et mattes que lui tendaient ses branches tortueuses. Il aimait bien ce pommier qui se tordait vers la droite. Il lui parlait toujours avec la tête penchée pour que l'arbre ne le voie pas de travers. Il ne s'en souvenait pas... Mais il le savait.
Ses paupières papillonnèrent. Le plafond lui faisait face. Il était peint en bleu. Un bleu pâle tirant sur le lilas. Il le savait. C'était lui qui avait choisi la couleur. Il était allé acheter les lourds pots de peinture lui-même. L'étiquette un peu déchirée indiquait un coloris "lavandin". Pour lui c'était bleu. Bleu pâle tirant sur le lilas. Bleu comme un myosotis.
Dans le coin de la chambre, juste au-dessus de la plinthe, le mur s'effritait et dessinait un éclat blanc. C'était à cause du pot de peinture. Il l'avait mis sur l'échelle, à côté de ses pieds tandis qu'il peignait le plafond. Le pot était tombé. Il avait heurté le mur et avait répandu une constellation de petites taches azures sur le plancher acajou. Il le savait...
Quant à l'homme épais et trapu à son chevet, il ne l'avait jamais vu. Mais il le connaissait. Il pouvait décrire avec exactitude la composition de ses petits-déjeuners et citer sans la moindre hésitation les innombrables coloris des mouchoirs de tissus que celui-ci cachait dans sa manche. Il était capable de réciter son emploi du temps complet aussi bien que de parler de cette manie presque maladive à toujours essuyer ses mains, d'ordinaire tachées d'huile de moteur, sur son tablier sale même lorsqu'elles étaient propres, de la façon appliquée avec laquelle il écrasait son mégot encore fumant dans le cendrier ou encore de cette fossette qui se creusait dans sa joue droite et piquetée de barbe grise lorsqu'il souriait...
- Réveillé?
Le ton était abrupt, un peu rude. Mais il en savait assez sur ce personnage pour ne pas s'en offusquer ou prendre ses intonations bourrues pour de la froideur. Le gros homme avait simplement pour habitude de n'utiliser que peu de mots et résumait ses idées en quelques syllabes. C'était, du reste, une de ces personnes endurantes que le temps passant endurcissait plutôt que de l'affaiblir comme le reste du commun des mortels. Sa peau épaisse et irrégulière arborait les taches et les cicatrices comme des trophées et ses dents bien que jaunes étaient larges comme des pierres tombales. On imaginait sans peine les carcasses de poulets se faire broyer dans un craquement effroyable par ces énormes mâchoires. L'homme tout entier était un vieux rocher auquel l'usure avait rendu une force nouvelle et jeune, un gros caillou cabossé dont l'érosion avait poli le coeur pour le rendre brillant.
Il ouvrit franchement les paupières et découvrit pour la première fois ce visage qu'il connaissait déjà.
- Tes mains? demanda-t-il de cette voix rauque qui rappelait un filtre à café encrassé.
Il remua le pouce, puis l'index... Plier. Déplier. Il fit de même avec tous les doigts de sa main gauche... puis de sa main droite, exécuta des moulinets avec ses deux poignets, souleva ses avants-bras. Ses épaules grincèrent quand il esquissa un mouvement un peu trop brusque.
- Ah... Vis trop serrées... marmonna le vieil homme en se levant de son tabouret pour se diriger vers lui muni d'un tournevis.
- Tes jambes?
Il souleva le draps qui le recouvrait et le repoussa avec ses pieds. Ses jambes se mouvaient sans problème, ses genoux étaient flexibles, ses pieds aussi, et ses orteils... Ses orteils...
- Quoi? Un souci?
Il leva vers son interlocuteur un regard affolé, lui montra du doigt le bout de ses pieds. Il les voyait ses orteils ça oui... Les ongles étaient légèrement trop longs et le second orteil de chaque pied était légèrement plus long que le gros. Mais il ne pouvait que les voir. Les voir, rien de plus... Et ce n'était pas normal, cela aussi il le savait.
- Tu sais pas parler ou quoi? T'ai mis des cordes vocales pourtant. Attends...
Les sourcils froncés, le vieil homme se pencha sur sa gorge pour l'examiner et réajuster quelques écrous. Lui se laissa faire sans rechigner malgré les démangeaisons qui le prenaient à la gorge durant ces manipulations.
- Ça marche?
- Je... je cr... crois...
- Mouairf... C'était quoi le problème... Tu sais pas bouger les pieds?
- Non... Ce... C'est les orteils...
- Quoi les orteils...?
- Je n'ar-rive pas à l... les sentir.
- ♤ -
Merde. Boris n'avait rien dit de plus.
Merde. Un mot bouseux et flasque qu'il avait grogné entre ses dents, ses lèvres perdues dans les replis de ses double-mentons.
Merde. C'était tout. Et il savait pertinemment ce que cela signifiait: Désolé fiston. Je pensais que ça allait marcher mais j'ai foiré. Tu vas devoir t'y faire et garder tes orteils tout raides pour le restant de ta vie.
Mais Boris n'aimait pas les mots. Et il prenait rarement la peine de former d'aussi longues phrases et d'en formuler autant d'un coup.
Boris, c'était le vieil homme à son chevet qui venait de claquer la porte pour aller fumer une cigarette dans l'atelier, les deux pieds en éventail sur son bureau encombré. Boris, c'était son créateur. Et lui, il était l'androïde Z1510. Une expérience qui avait "merdé".
Le 1510, c'était pour la date. Le 15 octobre. Le Z, parce que c'était la dernière lettre de l'alphabet. Non pas qu'il ait 25 autres prédécesseurs. Au contraire, Boris comptait dans l'ordre décroissant et s'octroyait 25 essais peu fructueux avant de parvenir à créer le modèle A, son chef-d'oeuvre. Avant d'atteindre cette apothéose, il l'avait fabriqué lui, Z1510. Mannequin de bois aux orteils raides qui l'empêchaient d'avoir bon équilibre, aux cordes vocales défectueuses qui le faisait buter sur tous les mots et bégayer... À peine né et déjà bon pour la décharge publique.
Était-il en colère contre Boris? Non... Pas du tout... Il était triste, simplement. Triste de si peu satisfaire les exigences de son créateur. Il était normal que celui-ci ait échoué dans sa fabrication. Après tout, il n'était qu'un essai destiné à encaisser toutes les erreurs avant les autres modèles... Il était juste déçu... Déçu de décevoir Boris. Il aurait aimé le rendre fier de lui...
Après deux jours de silence, son créateur daigna enfin lui adresser trois mots: Va-t-en... Il venait maladroitement de renverser pour la énième fois sa boîte à outils en voulant l'assister dans ses travaux de mécanique.
Le soir, Boris avait pour habitude de s'installer dans un vieux rocking-chair, un plaid à carreaux sur les genoux. Il se réchauffait des conserves de raviolis qu'il mangeait devant un vieux téléviseur au son brouillé. Parfois même il ne prenait pas le temps de les réchauffer et le mangeait crus, avec les doigts, les yeux fixés sur l'image trouble se reflétant dans ses pupilles ternes. Les conserves étaient empilées à côté d'un évier toujours rempli. Quand la pile de conserve menaçait de tomber, Boris les rinçaient une par une et les abandonnaient sur une étagère de son atelier pour y entreposer ses clés de 12 ou ses crayons.
Il était mécanicien, Boris. Et si l'on mesure les compétence d'un mécanicien à la quantité de cambouis qu'il accumule sous les ongles et de l'huile de moteur qui tache son tablier, alors Boris devait être un très bon mécanicien. C'était en tout cas ce que lui supposait... Mais il ne pouvait pas vraiment être objectif, le vieil homme était son créateur et il était le seul mécanicien qu'il connaisse.
Depuis qu'on l'avait exilé de l'atelier, il errait dans la maison sans trop savoir quoi faire. Désireux de gagner l'estime de son créateur, il avait fait la vaisselle avant même que la tour de conserve ne fasse mine de chuter. Quand il regardait l'écran de TV par dessus l'épaule de Boris, il avait remarqué que les ménagères mettaient un point d'honneur à entretenir l'habitat tandis que leurs maris se salissaient au travail et revenaient au logis, tout crasseux, pour déguster un gigot mitonné avec amour par leur chère et tendre. Il n'y avait pas de ménagère attentionnée chez Boris... Pas plus que de gigots d'ailleurs... Il n'y avait qu'un homme couvert de cambouis et des raviolis froids. Alors il avait empoigné une serpillière et un torchon et avait récuré à grande eau l'entièreté de la maison, hormis l'atelier auquel il n'avait plus accès. Le carrelage de la cuisine était beau quand il était mouillé. Il pouvait voir son reflet dedans... Le plus dur au fond avait été de trouver une serpillière et un torchon décents et utilisables.
Lorsque Boris était rentré le soir, il s'était fait gronder. Il ne pouvait pas plonger ses bras dans l'eau savonneuse comme il venait de le faire. Ses membres de bois allaient se gorger d'eau, gonfler, moisir... Boris était bavard ce soir-là: il l'avait traité de tous les noms et énuméré une panoplie d'injures sans reprendre son souffle. Il ne savait même pas qu'il était capable de parler autant. Au bout de quelques minutes de mélopée ininterrompue, il s'était affalé sur une chaise, à bout de souffle.
- Tu dois vraiment me détester, fiston... Je suis désolé...
Détestait-il Boris? La réponse était non. Il l'admirait beaucoup. Il était gêné d'être un tel fardeau. Ou plutôt non. Il était gêné que Boris soit gêné. Qu'il se sente coupable de ses déficiences à lui, son androïde. Il aurait aimé être parfait pour que le vieil homme soit satisfait de son travail. Il aurait aimé pouvoir être utile. Au lieu de cela, il faisait tout de travers.
Aux yeux de son créateur, il n'était que le reflet de son propre échec...
- C'est pas t-ta faute si je suis raté, Boris... Je sais b-bien que t-tu l'as pas fait exprès...
Boris n'était pas un homme à pleurer. Il le savait. Ses yeux étaient aussi sec que des lentilles. Pourtant il aurait juré qu'à cet instant précis, il venait de voir briller le coin de ses paupières.
- ♤ -
Dans l'atelier, au-dessus du plan de travail où il accumulait pinces, clés et tenailles, Boris avait suspendu une vieille photographie chiffonnée affichant un homme barbu à la mine sérieuse.
" Ça fiston, c'est Mr Gramme, tu vois? Un gars qui a inventé la dynamo et les moteurs électriques. Un malin que c'était! Zénobe je crois... Zénobe Gramme. Un belge... "
Ce chercheur n'avait pas réellement inventé la dynamo. Mais Boris, bien que plus affable que d'ordinaire ce jour-là, connaissait peu de mots et leur signification n'était pour lui que très approximative.
Depuis peu, lorsque Boris finissait sa journée, c'était dans une cuisine rangée et propre qu'il mangeait des raviolis chauds. La télé restait éteinte. Il ne l'allumait plus. À la place, il prenait un bain chaud avec beaucoup de savon, il avait des scrupules à arpenter la maison en étant sale depuis que le ménage était fait régulièrement. Quant aux soirs, ils étaient consacrés à instruire son androïde.
" J'ai pas réinitialisé intégralement ta mémoire pour que tu restes un idiot. "
Une légère brume de satisfaction voilait sa voix lorsqu'il parlait de cette mémoire qu'il avait entièrement restaurée avec brio. Lui, il l'écoutait avec attention, buvait ses paroles dés qu'il s'agissait d'entendre de la part de son créateur, un détail le concernant dont il puisse être comblé. Boris avait la voix rauque. Il parlait comme il l'aurait fait s'il avait été seul, en regardant le bout de ses pieds, le regard vague.
" T'imagines même pas... " lui avait-il dit une fois. " T'étais dans un sale état quand je t'ai retrouvé, fiston. Tout broyé que t'étais! Tu vois le truc... Plein de petits morceaux dans tous les sens beuarf! " Il avait alors fait un geste large de la main pour désigner l'étendue de ses membres éparpillés. " D'ailleurs j'ai pas pu sauver grand chose... Juste la structure interne, et encore... Comme t'as vu j'ai pas tout récupéré... Heureusement ta tête était moins amochée que le reste, sinon ça aurait même pas fonctionné. "
Mutisme.
" Parfois j'te revois comme ça... Allongé comme t'étais dans le container plein de vieilles ferrailles... T'avais les yeux ouverts mais ils regardaient pas. Ils étaient vitreux comme des vieux bocaux de confiture... Et tout ton ventre là... Y avait plus rien. On m'aurait dit qu'un chasse-neige t'avais roulé dessus j'l'aurais cru... C'est p'têtre le cas en fait, j'en sais rien... Heureusement que t'es un mannequin, fiston... Sinon avec du sang et tout... Beuarf! J'ose même pas imaginer... Là au moins t'avais pas de tripes. Juste des lambeaux de peau en résine qui étaient restés accrochés, le reste c'était des tuyaux, des boulons... Mais c'était pas beau à voir fiston... Vraiment pas beau à voir... Qu'est-ce que tu foutais là, j'en sais rien. Et j'veux pas le savoir d'ailleurs. Et j'suis sûr que toi non plus il vaut mieux que tu le saches pas... Vaut mieux que t'aies oublié comment t'as fait pour finir en charpie comme ça... C'est pour ça que je t'ai réinitialisé, fiston. J'veux pas que tu te rappelles. J't'ai implanté des faux souvenirs pour pas que tu te sentes tout vide et tout perdu... Ça au moins j'l'ai fait correctement... "
- ...
" Je regrette juste de pas avoir eu autre chose que du bois sous la main pour te rafistoler... C'est quand même pas pratique... Pour l'estomac aussi j'aurais bien voulu faire quelque chose mais j'ai vite abandonné... Mais c'est pas trop grave ça, les mannequins comme toi, ils ont pas besoin de manger de toute façon, ils ont jamais faim. La seule différence pour toi c'est que t'auras pas le choix... Mais c'est pas vraiment avec mes raviolis comme exemple que tu vas avoir des regrets hein! Héhé! Aïe... "
Une écharde s'était enfoncée dans son doigt quand il lui avait tapoté le bras.
- Va falloir que je pense à te poncer un peu. Tu piques et j'ai rien à te mettre dessus pour remplacer de la peau...
Il s'était dirigé vers l'atelier en s'étirant.
- M'enfin... L'avantage que t'as toi c'est que tu devras jamais te raser le menton hein! Les poils ça pousse pas sur le bois...
Ce soir-là, pendant que Boris dormait, il était resté dans l'atelier durant des heures, à contempler la photographie de Mr Gramme et de sa grosse barbe.
- ♤ -
Les quais déserts. Un matin froid. Boris et lui dans la brume.
Jour du départ. Il avait comme un noeud dans son coeur et des papillons d'espoir qui volaient dans son crâne.
À l'horizon, il y avait une tache noire aux contours diffus qui grandissait de plus en plus. Son bateau.
- Alors t'es décidé à partir, fiston... Note bien, t'as raison... J'dois pas être facile à vivre. Déjà que je m'insupporte moi-même héhé. N'empêche tes p'tits plats vont me manquer... J'm'y étais fait à force... Ça va être difficile de se réhabituer aux raviolis... Et la maison va être foutrement plus sale maintenant que tu seras plus là pour la laver. Puis même toi tu vas me manquer fiston... J'aimais bien avoir quelqu'un pour s'occuper de moi... Mais t'as raison, t'as raison... Faut bien que tu partes, tu vas pas rester éternellement avec le vieux Boris... Faut que t'apprennes à te débrouiller tout seul... Faut qu'on apprenne tous les deux à se débrouiller tous seuls! Et puis ils vont être heureux les gamins de ton internat avec tout ce que tu vas leur cuisiner... Non t'as raison, tu fais bien de partir... Ça me motivera à faire un modèle Y pour pas me sentir trop seul. Mais il saura pas cuisiner aussi bien que toi, ah ça non! J'y suis p'têt pas pour grand chose mais j'dois t'avouer que j'suis bien content que mon modèle Z soit un cordon bleu pareil! Allez va, fiston... Moi j'te cause, j'te cause mais j'veux pas te faire douter de ton choix, j'veux pas te retenir près de moi plus longtemps. Si je pouvais j'aimerais bien ça c'est sûr mais ça vaut mieux pour toi. T'apprends plus rien en restant avec moi et puis moi j'dois apprendre à te partager un peu aussi. Tes p'tits pensionnaires, ils ont plus besoin de toi que moi... Allez va-t-en... J'vois ton bateau qui arrive. T'as rien oublié hein? Sinon je te renvoie ce qui te manque par la poste, je garde pas tes vieux trucs moi... Ceci-dit avec la poste, tu risques pas de le recevoir très vite. Allez prends ta valise là et monte vite dans ce rafiot! Il va partir sans toi! Grouille-toi, gamin. J'veux pas de longs adieux et j'veux pas que tu me voies pleurer. Allez barre-toi. Te retourne pas comme ça, j'veux plus te voir. Tiens même que j'm'en vais. Voilà. J'me tire. Ça m'évitera de poireauter comme un con sur le quai en te regardant partir. So long mon vieux!
Il partit. Lui, monta. Sur le ferry, le vent était fort et plus glacé encore que sur les quais. Il resserra fermement l'écharpe autour de son cou. La silhouette de Boris était déjà loin. Il marchait, voûté, les mains dans les poches et la tête rentrée dans ses fortes épaules, suivi de près par les volutes de fumée qui s'échappaient de sa cigarette. Il avait été bavard cette fois le vieux Boris. De son existence d'androïde en tant que Z1510, il ne se souvenait pas l'avoir déjà entendu parler autant.
La sirène du bateau retentit. La cheminée immense qui trônait au milieu du pont cracha un nuage de vapeur sombre. Il cala sa valise entre ses deux pieds et s'agrippa des deux mains à la rambarde tandis que le ferry s'ébranlait. L'air frais du matin recouvrait de givre le bout de ses doigts.
Le signal du départ sembla marquer chez Boris un instant d'hésitation. Il ralentit le pas, jeta furtivement un regard dans son dos, reprit sa marche...
Puis.
Brusquement.
Il fit demi-tour et courut vers le bateau à en perdre haleine. Les dents serrées sur la lueur rouge d'une cigarette presque entièrement consumée.
- GAMIN!!!
Le ferry s'était éloigné des quais de quelques mètres.
- Attrape!
Il intercepta au vol le paquet que venait de lui lancer Boris. Une paire de gants en plastique qui grimpait jusqu'aux coudes.
- Pour la vaisselle! T'en auras besoin, fiston! Les gosses aiment pas faire ça, tu risques de souvent te retrouver à la faire tout seul!!! Fais..!
Le vacarme d'un second cri de sirène couvrit ses paroles et les beuglements de Boris se perdirent dans le vent salé qui soufflait vers le large. Peu importe. Il avait compris.
- Fais gaffe à t-toi aussi... Boris...
Le vieux bougre riait, les mains sur les hanches, un vieux mégot éteint coincé entre les dents.
- ♤ -
C'était le début. Le début d'une vie neuve. La première case d'un nouvel échiquier. Et c'était la fin. Celle de toute une existence passée avec le vieux mécanicien, Boris Dorievsky.
De celui-ci, il ne lui restait qu'une paire de gants, des effluves de tabac froid et le souvenir d'une voix rauque.
La maison de son créateur ne garderait aucune trace de son passage. Il avait pris soin de tout effacer, comme s'il n'avait jamais existé. Il n'y avait laissé qu'un carnet à spirale où étaient consignées les recettes qu'il avait composées. À force d'expériences et de recherches, de nuits passées à dévorer les livres de cuisine pour s'inspirer des menus pour les soupers de Boris, il avait eu de quoi remplir un cahier entier. L'original était dans la poche de son manteau. Celui qu'il laissait à Boris était une copie qu'il avait soigneusement rédigée... Au cas où celui-ci se lasserait trop vite des raviolis...
Lorsqu'il pénétra dans le hall de l'internat, ses jambes flageolaient d'appréhension. Il dût s'accouder au bureau de la réceptionniste pour ne pas chanceler.
- Vous venez pour..?
- Heuuu... le poste de... de cantinier. J'ai reçu une c-convocation.
Il sortit de sa poche une lettre froissée, reçue quelques semaines plus tôt.
- Pourrais-je avoir vos noms, prénoms...
- D-Dorievsky... Avec un y... Et... Heu...
Il n'avait jamais eu de prénom. Pour le nom, il avait pris celui de Boris... Mais de prénom, il n'en avait pas. Il n'avait jamais été rien de plus que "fiston", "gamin",... Z1510...
- Et votre prénom..?
Le souvenir de la photographie accroché au mur de l'atelier lui revint en mémoire... Mr Gramme.
- Zénobe. Je m-m'appelle Zénobe.
Elle leva la tête et lui adressa un sourire en lui tendant un trousseau de clés.
- Bienvenue à la pension Emonalis, Zénobe Dorievsky.
{ Physique }
Le couloir est toujours bondé le matin. Et dans sa tête encore embrumée de sommeil, le vacarme des élèves produit toujours un effet douloureux. Pourvu qu'aujourd'hui il n'ait rien omis...
Il perçoit des murmures, un tintamarre feutrés de ricanements dans son dos. Mince. C'est raté. Son pantalon?! Ah... non... Tout va bien. Il n'a pas oublié de l'enfiler. Sa braguette peut-être! Est-ce qu'il l'a...?! Oui... Elle est bien attachée. Que lui manque-t-il alors qui suscite ainsi les moqueries? Oh! Ses lacets peut-être!? Non plus. Il les a attachés correctement, a rentré les bouts qui traînaient dans ses chaussettes pour éviter de marcher dessus, de les défaire et de trébucher. Il a même épousseté ses chaussures pour en chasser la farine qui ternissait leur couleur marron. Peut-être que...? Non. Même pas. Il a beau frotter ses semelles contre le sol, celles-ci ne grincent pas. Qu'a-til donc bien pu oublier? Ah. Voilà. Zut... Il a mis sa chemise à l'envers. Les coutures des manches lui courent le long du bras et une étiquette blanche aussi démesurée que sa honte pointe dans sa nuque, révélant à tous les railleurs la composition "100% coton, à laver dans une eau de 40° avec des couleurs similaires" de son vêtement.
Demi-tour. Garder les yeux au sol, ne pas croiser les regards narquois. Rentrer dans son dortoir et ajouter à la liste: "Mettre sa chemise à l'endroit".
Pour qui aime rire avec mépris et se cacher derrière un air hautain et dédaigneux, Zénobe est la cible idéale. De sa démarche hésitante et chaloupée qui ressemble à celle d'un ivrogne, à son maintien voûté, la tête rentrée dans les épaules, le nez dissimulé dans son col, tout en lui inspire aux autres des remarques narquoises. Quoi qu'il fasse, Zénobe est constamment entouré d'un nuage de poussière ridicule, d'une brume de fumée grotesque, d'un halo de lumière pathétique autour duquel gravitent des moucherons cyniques et ricanant au moindre de ses pas.
Il n'est pourtant pas le plus laid, ni le plus repoussant... Mais son attitude est risible. Ses bégaiements prêtent à rire, tout comme la tignasse de cheveux emmêlés qui lui ceint la tête et retombe sur son épaule dont plusieurs se demandent si cette crinière de lionceau connaît la signification du mot "peigne". Bien qu'il les attachent toujours dans sa nuque, il a pour manie de replacer constamment derrière son oreille une mèche imaginaire avec un doigté féminin.
Son apparence oscille entre raffinement et nonchalance involontaire.
Raffinement parce que face aux fourneaux, ses gestes se font plein de grâce et de tendresse. La douceur avec laquelle il pétrit la pâte et le petit doigt qu'il tient inconsciemment levé tandis qu'il applique la rosace de crème fraîche sur le gâteau au mascarpone évoquent la prestance du pianiste qui caresse avec assurance, aisance et vélocité les touches de son instrument. Paradoxalement, face à ses élèves, il est secoué des tremblements nerveux et de tics incontrôlables, il retrousse le nez en clignant successivement des yeux tout en se mordant la lèvre. Concernant sa tenue vestimentaire, il s'éloigne malheureusement beaucoup de la finesse qui le caractérise lorsqu'il est seul dans sa cuisine. Il n'est pas rare de le voir vêtu d'une chemise boutonnée de travers, un pantalon trop court, rétréci au lavage ou simplement raccourci et noirci par la flamme d'un chalumeau destiné à former la croûte de sucre des crèmes brûlées. Et si son menton n'est, pour une fois, pas strié de coupures de rasoir, il n'en est pas moins orné de trois poils de barbe qui échappent en permanence à la lame. Faute de sommeil, ses yeux sont cerclés de cernes bleuâtres et, trop souvent, son front forme un pli soucieux lorsqu'il lève le sourcil en signe d'embarras.
Est-ce le fait de travailler en cuisine qui abîme ainsi ses vêtements? Même lavés, ceux-ci sont immanquablement couverts de taches. Le tissu est froissé, rendu râpeux par l'usage intensif de poudre à lessiver inefficace. La teinte d'origine a soit pâli - dans le meilleur des cas - soit disparu sous la couche de farine, de sucre impalpable et de cannelle. Il aurait beau se secouer en tout sens - mais le fait-il seulement? -, Zénobe serait toujours recouvert d'une poudre fine aux effluves sucrées. Quant aux nombreuses petites imperfections sur ses avant-bras et ses mains, personne ne peut affirmer si elles sont d'inévitables blessures légères dues à ce mauvais réflexe de retrousser systématiquement les manches pour cuisiner ou si, plus probablement, elles ont été causées par une hâte maladroite ou une distraction indésirable qui auraient poussé le cuisinier à s'appuyer inconsciemment sur une plaque de cuisson brûlante, à tenir le couteau électrique dans le mauvais sens, à oublier les maniques pour saisir les platines qui sortent du four, à utiliser un tantinet trop de produit vaisselle irritant la peau, à laisser traîner sur le sol un emballage papier de beurre salé lorsqu'il doit traverser les cuisines avec une montagne instable de profiteroles, à aiguiser avec trop de zèle ses couteaux de cuisine quand il a auparavant badigeonné des légumes d'huile d'olive lui rendant les mains grasses et glissantes... La plupart des résineux n'auraient pas à se soucier de ce genre d'erreurs à très faible conséquence sur leur apparence. Mais Zénobe est un mannequin de bois fragile et vermoulu et les sparadraps enroulés autour de ses doigts, comme autant de bandelettes qui momifient ses articulations fines, témoignent de la fragilité du matériau dans lequel il est sculpté.
N'étant pas un élève, Zénobe est dispensé du port de l'uniforme et préférera ses habituelles chaussures marrons, son pantalon usé quadrillé en damier et sa vieille chemise informe, mal repassée et où restent collés, malgré les nombreuses lessives, de petits morceaux de sucre caramélisé. Parfois, son pantalon raccourci laisse entrevoir un bout de mollet blanc et poilu sur lequel s'étire une chaussette effilochée...
Zénobe aurait pu être grand. Sa silhouette élancée l'aurait alors peut-être rendu séduisant. Mais il persiste à se tenir tassé, comme un vieux fruit sec et rabougri. Il regarde les autres d'en bas, comme s'il était un être infime et minuscule, un liliputien ayant affaire à une armée de Gullivers. Il se déplace comme un funambule en équilibre instable sur un fil prêt à craquer et il n'est pas rare qu'il bouscule malencontreusement des élèves, ce à quoi il répond par un torrent d'excuses bredouillées en vitesse et par un regard pitoyable et apeuré. Lorsqu'il est seul, on peut le surprendre en plein débat avec lui même, une main passée dans ses cheveux pour se malaxer le crâne, les yeux perdus dans la contemplation du bout de ses pieds...
{ Caractère }
Dans son dortoir. Epinglée sur la porte. Avec une punaise jaune. Il y a une liste.
Dans les cuisines. Au-dessus de l'évier. Entre la bouteille de produit vaisselle et une pile d'assiettes fêlées. Il y a une liste.
A la cantine. A côté du four. A moitié dissimulée derrière la paire de maniques. Il y a une liste.
Zénobe évoque cette crème fouettée et légère à la robe pure et au parfum édulcoré. Il est doux comme un agneau et ne se trouve jamais en situation de conflit. En revanche, il assiste souvent à des échanges de poings ou des bagarres mais généralement dans ce genre de pugilat, c'est lui qui reçoit les coups et non pas lui qui les donne... Dans un groupe, Zénobe est ce garçon niais et candide qui, si vous prétendez avoir vu passer un blaireau en tutu, l'affirmera lui aussi dans le seul but d'éviter de vous contrarier. Considéré par beaucoup comme un faible, il manque en réalité cruellement de confiance en lui et hésite en permanence. Fervent utilisateur du "Et si..." il ne cesse de se demander à quoi ressemblerait sa vie s'il avait fait tel ou tel choix, prenant pour principe que la décision la plus infime a une incidence sur le reste de son existence.
Après s'être maintes fois esquinté à essayer de s'attirer la sympathie de son entourage, il a fini par baisser les bras et tente de se faire tout bonnement oublier du reste du monde. Vaine tentative. Qu'il le veuille ou non il ne passe pas inaperçu. En plus d'être l'incarnation de l'indécision et de l'hésitation, il est également une allégorie de la maladresse. Tout ce qu'il tient dans ses mains n'y reste pas longtemps, la moindre poutre dans le plafond qui soit plus basse que les autres sera un obstacle qu'il se prendra de plein fouet trop distrait à essayer d'énumérer les nombreuses choses qu'il aurait pu oublier avant de sortir de son dortoir. Là aussi réside sa manie. Chaque chose qui puisse potentiellement être oubliée, chaque erreur, chaque faux pas, il le consigne sur une liste qu'il affichera en évidence pour être sûr de ne pas le répéter une seconde fois... Ce qui n'empêche pas que, chaque matin, il exécute un nouveau faux-pas qui le rend risible aux yeux de tous.
Distrait, il lui arrive pourtant de perdre la liste elle-même. Ce qui équivaut à son niveau à une catastrophe meurtrière et quelques bonnes heures d'auto-haïssement profond.
Cette moquerie délibérée qu'il lit dans les regards le blesse profondément. Il s'est toujours efforcé de rester neutre dans chaque situation, espérant ainsi s'attirer le moins d'ennemis possible mais c'était sans compter la cruauté avec laquelle l'être humain s'autorise le mépris envers celui qu'il ne connaît qu'en surface. Zénobe se voit comme un bossu mal-aimé et se sent incompris... Cassé, comme un vieux jouet. Comme si le monde n'avait pas été conçu pour lui... Ou plutôt, qu'il n'avait pas été conçu pour ce monde. Il se sent à l'étroit dans un corps qui ne lui appartient pas. Un corps désarticulé qu'il ne parvient pas à maîtriser, qui refuse d'exécuter ses mouvements correctement. Un corps lent et lourd. Une entrave qui retient son âme prisonnière...
Certes, son esprit n'est guère plus efficace. Voire même plus tortueux encore. Mais s'il a tant de mal à rendre ses pensées fluides, c'est justement à cause de ce corps défectueux! Il en est convaincu. Là, dans ce crâne trop petit, il manque de place pour s'étendre et réfléchir droit.
D'autre part, il trouve souvent plus d'alliés parmi les élèves des autres clans que parmi ses collègues et pairs, sceptiques concernant sa méthode d'enseignement et son défaut d'autorité. Et si ceux-ci lui sont antipathiques, il apprécie beaucoup la compagnie des étudiants chez qui il décèle, pour la plupart, ce même mal à vivre qui le torture. Mais la place d'un professeur n'est pas parmi ses élèves. Où Zénobe trouvera-t-il la sienne si parmi ses collègues on le toise de haut?
Si les critiques concernant sa démarche et sa façon d'être le trouble peu - il a appris à force à ne rien laisser paraître bien qu'il y soit toujours sensible -, il ne supporte pas qu'on puisse déprécier le repas qu'il s'est tant acharné à préparer et ne répond plus de ses actes si l'on venait à malmener et gaspiller la nourriture. SA nourriture. Celle qu'il chérit comme une soeur et qu'il prend tant de soin à manipuler.
Au fond, on se demande parfois si Zénobe a déjà été amoureux. Pourtant son coeur est pris. Et son âme toute entière appartient à la gastronomie et la grande cuisine. Son épouse est une dame de pudding, de chantilly et de miel. Ses paupières sont en pâte feuilletée et ses lèvres, en massepain. Chaque jour, il peigne ses cheveux de sucre, enduit ses épaules de beurre, pétrit la frangipane qui lui ceint la taille et effleure ses hanches en biscuit. Et la nuit durant, c'est l'haleine vanillée de cette femme de crème qui le hante jusqu'au réveil.
Si Zénobe n'a aucunement l'âme d'un enseignant, il est indéniablement passionné par son travail de cuisinier et met tout son coeur à l'ouvrage. Il s'applique, s'échine, s'esquinte et prend plaisir à faire naître sous ses doigts une assiette garnie et appétissante. Malheureusement, ce talent à mitonner des petits plats alléchants ne s'applique pas à maintenir l'ordre dans une classe et il n'est pas rare qu'il se retrouve seul face à une classe vide lorsque son cours touche à sa fin, les élèves ayant déserté les lieux à la simple évocation du mot vaisselle. Aussi, Zénobe exécute seul la corvée plonge même si le contact de l'eau lui est formellement proscrit. Peu importe... Il subira une fois encore les remontrances de l'infirmier de la pension. De toute façon, il faut bien que quelqu'un fasse la vaisselle, non? Et tant pis si c'est encore au tour de Zénobe le pigeon.
Un plat préféré? Il n'en a pas. Bien sûr il y a des plats qu'il préfèrent cuisiner mais ça s'arrête à la préparation. Seulement la préparation. Zénobe n'a jamais rien mangé de ce qu'il préparait. Jamais. C'est proscrit. Sinon la nourriture pourrira à l'intérieur de lui. Et lui aussi va pourrir et se couvrir de mousse verte et de champignons comme les vieilles souches d'arbres dans les forêts, après une averse. Tiens, des champignons... Peut-être qu'il pourrait en faire une bonne omelette? Oh oui! Avec des petits lardons! Il saupoudrerait le tout de sel, de beaucoup de poivre et d'herbes de Provence et il découperait l'omelette avec une spatule en bois. Pas celle en plastique! Les spatules en plastique donnent un goût savonneux à la nourriture. Il déposerait la tranche d'oeuf sur une tartine de pain grillée garnie d'une épaisse couche de beurre, accompagnerait l'ensemble d'une salade verte mélangée à de petits croûtons et des éclats de cerneaux de noix...
En réalité, s'il n'a aucun plan préféré c'est parce qu'il chérit ce qui se rapproche de près ou de loin à la nourriture et la cuisine. Néanmoins il prend toujours un plaisir certain à préparer les gâteaux d'anniversaires et de les personnaliser pour voir se délecter l'heureux pensionnaire fêté.
Rapport avec les clans ; Zénobe n'a pas d'ennemi... Mais n'a pas d'amis non plus. Il fait partie de ces personnes insignifiantes qui, malgré qu'elles ne passent pas inaperçues, suscite, au mieux, une tendre sympathie, au pire, une indifférence profonde. Il est impossible de le détester pour la simple et bonne raison que lui-même ne déteste personne. Certains le trouve agaçant de part ses maladresses, cependant même parmi les plus goguenards pour qui ses étourderies constituent une attraction, il est indéniablement apprécié... Très certainement parce qu'il est aisé de le caricaturer et qu'en plus d'occuper le poste de "principal bouc-émissaire de l'ensemble des élèves", son manque d'autorité et de capacité à maintenir l'ordre à son cours ou dans la cantine lui attire une certaine bienveillance de la part des semeurs de trouble - néanmoins trop fiers pour l'avouer. -
Au sein de son clan, il est plutôt considéré comme une erreur. Il n'a malheureusement de résineux que le nom et le pouvoir. Tous les résineux sont caractérisés par la beauté froide et statique de leur corps de poupée et par ce flegme et ce stoïcisme déroutant qui leur confère une réputation de "personnages insensibles". Cette fierté hautaine, ce narcissisme typique ne se retrouve en rien chez Zénobe l'indécis, Zénobe le malhabile. Alors que son clan incarne l'élégance-même propres aux mannequins de résine qui salue d'un geste fluide une assemblée émerveillée par leur prestance et leur grâce de ballerines, Zénobe n'est que le pantin secoué en tout sens par un marionnettiste nerveux et qui récoltent les tomates et les légumes ramollis au lever du rideau rouge.
~ Comment avez-vous connu Emonalis ? ; Qui est la charmante personne qui m'a fait découvrir Emonalis? °.° Haha! 8D Devinette! >8B
Mon premier est fan de BJD... o°o
Mon second arrive toujours à inventer des scénarios de malade tellement tordu qu'on s'y perd parfois mais tellement géniaux qu'on peut pas s'empêcher d'en être fan *w*
Mon troisième est aussi calée en informatique que je suis noob TwT *donc ça veut dire trrrrrès très calée x.x*
Mon quatrième dessine plein de petites dames avec des chaussures super belle et des écharpes de toutes les couleurs *°*
Mon cinquième résume tout ce que j'ai pu oublier de dire à propos de cette personne ^^"
Mon tout est la fantabulomirifique admin-créatrice-directrice de ce forum *fayotteuuuh! 8°* *SBRAFF* qui va me trouver un super pouvoir delamortquitue pour mon Zénobounet hein ouiiiii? 83 *SBOUM*
~ Autre ; Beuh... o_o Y a pas de code de présentation rigolo ici? i.i
Ah oui! Sinon aussi j'ai foutu la partie "Implication" et "Plat préféré" dans le caractère mais je sais pas si ça s'enchaîne bien... ._. Ça vous choque, vous? =°