Sans Titre {manque d'inspi' quand tu nous tiens ... ♪}

Il y avait ce vide imperceptible. Une absence de tout jusqu'à la conscience, dont on ne peut s'apercevoir que lorsqu'elle est comblée. Le sommeil. Oh certainement pas là celui qui vous entraine chaque soir dans les bras de Morphée. Non, elle, dormait d'un sommeil lourd et comateux, exempt de songes, presque artificiel, dont le réveil ne pouvait être que lent et mou.

Une première sensation, de celle qu'on semble éprouver avant même d'être en état de le faire, le froid. Et lentement reprendre conscience de soi, de son corps, ressentir chacun de ses membres, savoir qu'ils sont engourdis, que les draps les grattent et qu'un vent froid et puissant souffle dessus, mais dans un état de transition somnolente qui ne permet pas la réaction. Un interlude fragile tout proche de céder à l'éveil et qui finalement céda.
Le réveil, amenant dans ses bagages les sens , dispensa la jeune fille d'une forte lumière qui lui fit d'abord cligner des yeux pour finalement mieux les garder clos, du fracas des vagues, du hurlement des vents et du cri des mouettes accompagnés du parfum des embruns et d'une odeur de cigarette qui passait presque inaperçu. Mais qu'est-ce que tout cela pour quelqu'un qui ne connaissait pas la mer autrement qu'en carte postale ?

Séraphine papillota une nouvelle fois des paupière, luttant en vain contre l'éblouissement dans l'espoir de distinguer quelque chose. Où pouvait-elle bien être ? Les souvenirs ne lui revinrent pas tout de suite en mémoire, elle avait quitté définitivement la maison de son père et puis ... Et puis quoi ? Elle plissa les yeux dans une grimace tendue et commença enfin à deviner les volumes de la pièce et surtout l'ouverture rectangulaire d'où provenait la si forte lumière et certainement tout ce vent glacé. Elle se recroquevilla encore un peu plus sur elle même et serra les draps contre son corps, mais rien ne semblait atténuer ce froid pénétrant.
Les bruits extérieurs lui montaient à la tête tandis qu'elle s'obstinait à chercher des souvenirs enfouis, et son esprit encore brumeux s'alourdit d'une migraine naissante. Elle réussi alors à voir plus clairement la pièce. C'était une chambre semblable à toutes les autres chambre d'hôtel qu'elle avait vu jusqu'ici, aussi simple, sombre, vide et sans charme, à cela près qu'elle était encore plus petite et semblait donner sur l'extérieur à en juger par la lumière qui remplissait l'encadrement de la porte (car elle était encore trop éblouie pour distinguer autre chose que cette lumière). Celle-ci était grande ouverte et ce qui devait être la clef de la chambre était restée dans la serrure. Était-il possible qu'elle ait dormit avec la porte ouverte ainsi toute la nuit ? Elle se rappelait bien de ses autres nuits dans les hôtels, désormais du moins, mais celle-ci ne lui revenait toujours pas. Et tandis qu'elle se triturait l'esprit à la recherche de ce passage manquant, à mesure que ses yeux s'habituaient à l'éclairage ambiant, dans l'encadrement de la porte la lumière dessinait de plus en plus nettement le contour d'une grande silhouette sombre qu'avait dissimulé le contre-jour jusqu'ici.

Elle entrepris de se lever afin de se dérober au plus vite à la vue de cet inconnu qui, elle en était sûre, n'avait pas cessé de la dévisager. Alors feignant d'ignorer sa présence, repoussa ses draps, découvrant au passage qu'elle devait être très fatiguée la veille car elle n'avait pas pris la peine de se changer et s'était visiblement couchée avec sa robe bleue, et s'assit sur le bord du lit.

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