Résineux [ 1 / 3 ]

Aline était danseuse étoile. Elle avait gagné tellement de compétition... Malheureusement, les adversaires les plus récents étaient très mauvais combattants... La douce joie d'Aline disparu depuis peu, lorsqu'elle a involontairement détruite sa propre maison et ensevelit ses propres parents contre son gré... Elle ne savait pas qu'elle avait ce pouvoir et venait de se disputer avec une de ses concurrentes de danse. Ce n'était qu'une toute petite querelle d'enfants, mais elle est rentrée tellement irritée qu'elle en a détruit ses propres biens... Elle aimait ses parents plus que tout, à son âge, c'était sa hantise de voir ses parents disparaître de ce monde. L'affaire fût vite étouffée par les membres du Pensionnat Emonalis, ils savaient très bien quelle était la cause de cette démolition, ou plutôt, qui en était la cause... Se faisant passer pour un orphelinat haut-placé, ils l'ont rapidement recruté, presque de force, en la manipulant. Ils l'ont directement isolée du monde en la qualifiant de danger public. Les élèves l'avaient tout de suite étiquetée et racontaient des rumeurs son sujet. Quand on lui a enfin permit de se déplacer librement dans l'enceinte du Pensionnat, les élèves s'écartaient à son passage mais ce n'était pas par respect...
Même si Aline passe outre toutes ces rumeurs, qu'elle est douce comme un agneau et qu'elle n'use jamais de son pouvoir, il y a une chose qui pourrait l'enrager... Et ça, c'est à redouter car elle pourrait être capable de détruire toute l'académie Emonalis en une seule pensée...

Une douloureuse vie, si on peut appeler ça... Vie... Souillée par le chagrin. Non, elle n'a pas été salie par le sang ni réduite à l'esclavage... En fait, c'était tout le contraire, Karïa était une poupée de qualité, son créateur l'avait fait avec passion... Mais pas avec amour... Il voulait seulement que cette petite peste pourrie gâtée le laisse tranquille ! Il tailla dans de la porcelaine pure, sans craquelure, sans fissure, sans tache et sans poussière le fruit de sa liberté... Il tailla jusqu'à en mourir... Elle ne fût jamais finie et tomba rapidement entre les mains de cette jeune riche qui, malgré son mauvais caractère, la trouvait vraiment jolie, mais n'y voyait à travers ses yeux de verres bleus, qu'un simple objet de divertissement valant une petite fortune.... De quoi se vanter ! Elle la traitait bien... Comme une poupée... Elle l'habillait de vêtements de toutes les couleurs, lui préparait une chambre, la coiffait.... Ça ne dérangeait pas Karïa de se faire choyer de cette façon, ce qui lui brisait le cœur, c'est qu'on la traitait en tant qu'objet de valeur.... On ne l'aimait pas profondément... Et dès que sa propriétaire en trouva une plus belle, elle n'eut aucun mal à la jeter aux ordures.... En se fracassant contre divers objets inertes, le coeur se craquela, lui aussi, entre la solitude et l'égarement. Chaque nuit, observant le ciel étoilé, elle espérait qu'un jeune enfant la trouve et la prenne dans ses bras pour la serrer contre lui... Mais il n'arriva jamais... N'étant pas finie, Karïa ne pouvait marcher seule, le camion de poubelle la ramassa, dorénavant réduite à l'état de détritus... Elle se fit broyer la moitié, de ses pieds jusqu'à ses poumons... Sa dernière vision fit celle d'une fenêtre de maison par laquelle on apercevait une famille chanter une musique joyeuse et à côté, un joli sapin passionnément décoré... C'était donc le jour de Noël ? C'était ça son cadeau ? Se faire broyer ? Lentement... Lentement... Elle n'avait pas mal. Du moins, elle ne ressentait pas de douleur physique... Mais son cœur, lui, la faisait horriblement souffrir.
Le lendemain, elle se réveilla dans une chambre, ce n'était pas un hôpital, des gens arrivèrent et lui expliquèrent le rôle d'Emonalis. Ils lui expliquèrent aussi une chose... Les yeux rivés vers le bas, ils ne savaient pas par quoi commencer. Karïa ne mit pas longtemps à deviner, elle avait déjà un doute, en voyant la chaise roulante à côté, elle comprit immédiatement.
Elle ne pourrait plus jamais marcher.
Pendant toute sa vie, cette jeune poupée a été le genre de porcelaine sur qui les malheurs s'abattent sans se résoudre... Elle n'a jamais connu l'amour, que ce soit amical ou fougueux, n'a jamais pu marcher sur ses deux jambes et n'a jamais serré quelqu'un dans ses bras. N'ayant jamais pu sourire une seule fois depuis sa création, Kaïra ne pu jamais connaître le sentiment du bonheur et se demande ce qu'elle fait encore ici.

Des yeux de diamants trouvés dans l'épave d'un bateau coulé, des cheveux de soie, dénichée dans les marchés les plus repoussés du monde, une résine de noble, gagnée durement en offrant sa vie à la reine... C'est de ça que cette poupée est faite, de matériel rare... Même si son aspect azuré en ferait pâlir plus d'un, Evangeline, de son nom descendant d'une haute génération, ne s'est jamais, Ô grand jamais, vantée de sa valeur. Le bouche à oreille fait tout le travail pour elle. Mais si Evangeline ne se vante pas aux autres, elle se démontre et profite de sa noblesse. Son attitude est mesquine, elle se permet les plus gros mensonges impardonnables, elle regarde les gens de haut, les snoberaient presque et surtout... Elle ne dit rien ! Quand elle vous répond, c'est par la pensée, quand elle vous juge, c'est par la pensée, et quand elle vous regarde, elle pense à vous... Si Evangeline est une grosse menteuse, elle est particulièrement malhonnête... Elle n'est pas hypocrite, elle ne parle jamais de vous dans votre de dos... Mais mon Dieu ce qu'elle pense de vous ! Tout ce qui sort de sa bouche n'est que l'inverse de ses pensées. Si elle dit que vous êtes beau, elle vous trouve moche, si elle dit que vous êtes moche, elle vous trouve particulièrement beau... Quand elle rit, elle veut pleurer et quand elle pleure, elle veut rire.

Son histoire à elle n'est que mensonge et pacotille. Lorsqu'elle s'est relevée, seule, et a réussit à marcher, seule, la première chose qu'elle fit fût de mentir. Face à son créateur, elle retomba tel un pantin effilé... Même si elle se sentait mal, très mal, elle lui dit qu'elle ne ressentait rien.. Et quand elle est arrivée à Emonalis, c'était parce que son créateur avait confié son âme à la reine et, une fois finie, ne pouvait plus s'en occuper... Après ça, il légua ce qu'il concéderait comme sa fierté à Emonalis et disparut à jamais. Evangeline se fit dès le premier instant respectée comme une impératrice et avait les manies d'une aristocrate. Jouer la petite personnalité lui plaisait énormément ! Mais parfois, Evangeline aimerait bien avouer ce qu'elle ressent vraiment au fond d'elle...
Et parfois, elle frôle les menaces et les regards haineux des autres, et alors, parfois, Evangeline rafle le danger.