Accueil des résineux. - PV ALINE -

Une grande bouffée de la mercerie fit oublier à Elryn tous ses soucis. Tellement insignifiants. Pourquoi avait-il ne serait-ce qu'une seconde pensé a de telles choses futiles alors que la Mercerie était comme elle l'avait toujours été. Depuis le premier jour, il avait voulu épouser cette salle colorée et spontanée. Les couleurs chatoyantes se mêlaient à la mélodie douceâtre de la pièce. Tout dans cette salle aux contours flous chantait. Les arbres sucrés bruissaient, les tables colorées grinçaient et même les brins d'herbe accompagnaient la symphonie. Et pourtant tout était si .. silencieux. Comme si la salle reflétait l'humeur de la personne présente. En tous cas la première visite de la somptueuse salle datait de son deuxième jour sur Emonalis. On l'y avait conduit dans bruit et il avait passée de nombreuses heures à chercher le plafond et les murs. Car il y en avait, le résineux en était sûr. Mais ils étaient introuvables, tout bonnement introuvables. Elryn soupçonnait la pièce d'être vivante. Un peu de la même manière que tout les objets présents dans la salle. Et aussi comme les résineux, eux même objets articulés. Cela en tous cas, expliquerait un bon nombre de choses. La pièce premièrement bougerait sur elle même afin que le visiteur n'en trouve pas le mur. Ou une sorte de tapis roulant. Les plus folles hypothèses étaient sortis du cerveau de Elryn mais peu avaient semblé plausibles. Et puis il y avait la porte de la salle aussi. Un encadrement de porte plutôt. Une pièce de bois posée sur une petite colline, sans murs pour la soutenir. La thèse la plus probable était un mur sur lequel était projeté un paysage mais c'était tout de même rudement bien fait.
Le tableau qui flottait dans les airs sans bruits corrigeait automatiquement les fautes éventuelles et peu nombreuses des professeurs. Les pupitres en sucres eux aussi était disposés ça et là dans la pelouse qui constituait le sol de la grande salle. Quelques marguerites cherchaient souvent le soleil artificiel qui brillait été comme hiver. Lors de sa première venue le garçon avait ouvert si grand la bouche que l'arbre le plus proche de lui avait soulevé imperceptiblement une branche pour la lui refermer. Il avait l'air tellement vrai cet arbre .. Pourtant Elryn le savait il n'était que mécanismes. Ensuite, le garçon avait fait le tour de ce qui allait être sa salle de classe et il n'en revenait toujours pas. Les arbres et les buissons colorés se déplaçaient, les massifs de fleurs se rendait visite et les draps de soies de toutes les couleurs pendaient autours des tables, délimitant plus ou moins un espace "classe".

Mais aujourd'hui c'était différent. Il était déjà revenu à plusieurs reprise dans l'étonnante salle et la surprise de ne peignait pas sur son visage à chaque pas. Cette fois-ci, il était venu pour l'annuel gouter en l'honneur des nouveau résineux du pensionnat. Le très célèbre Zénobe mitonnait alors de délicieuses pâtisseries dont les résineux capable de manger se délectaient généreusement. Le buffet était un alignement de tables scolaires recouvertes d'un draps blanc éclatant. Il entendait quelques conversations derrière les draps tendus mais il ne reconnaissait aucune voix. Le petit mois qu'il avait passé à Emonalis ne l'avait pas rendu le plus populaire. Il prit une minuscule pâtisserie. C'était un pantin de bois, au chocolat sans doute, qui s'agitait en dansant dans une coupelle dorée. Il la porta à sa bouche et ferma les yeux de contentement.

« Mhhh ! Oh mon dieu quel délice. »

Il avait chuchoté la phrase pour lui même mais apparemment quelqu'un en avait profité car il entendit une respiration douce et lente. Il se retourna, surprit, et ouvrit les yeux.

Aline avait reçu une invitation discrètement posée sur son lit. Elle était surprise que ce soit pour un gouter en l'honneur des nouveaux Résineux. A ce qu'elle sache, les personnes comme elle ne mangeaient pas non ? Ou alors était-elle une exception, au sein même d'autres poupées articulées ? Etait-elle une fois de plus différente des autres ?
Aline avait reçu une invitation posée sur son lit. D'abord surprise puis triste, elle se dit que si cela lui permettrait de rencontrer d'autres personnes, pourquoi ne pas y aller ? A sa connaissance, le doux goût de la chantilly ne la dérangeait pas. Même si elle avait des papilles gustatives, elle n'appréciait pas particulièrement manger.

Elle soupçonnait celui qu'elle avait enregistré comme "Monsieur Sourire" d'en être l'organisateur. Ils se croisaient parfois lors des transports de baleines. Ce dernier ne payait pas de mine avec son espèce de tablier blanc tâché et son attitude timide, plus encore qu'Aline, et son petit sourire qui l'était encore plus, comme une bouée envoyée à a mer en espérant que quelqu'un l'aperçoive. Il devait être celui au nom compliqué indiqué en bas de l'invitation, Dorievsky Zénobe. Quel était le nom du prénom, Aline y réfléchissait encore, ainsi que de la prononciation de Dorievsky. A la "russe" ? Enfin, si elle commettait une erreur en disant son nom/prénom, il sera tellement timide qu'il n'osera sûrement pas le faire remarquer, pensa-t-elle.

Mais elle s'était décidée. Habillée d'une robe qu'elle avait comme référence "de bal", violet clair, couleur qu'elle affectionnait particulièrement, elle se dirigeait de son pas posé au lieu de rendez-vous. La mercerie. Le nom de ce simple lieu lui évoquait une foule de couleurs, de tissus, de fils..mais elle n'était pas sûre qu'il y ai ici les vendeuses habituellement postées derrière un comptoir, un sourire complaisant aux lèvres. Heureusement, pour un lieu censé accueillir des poupées craignant plus que tout le simple contact d'une aiguille. Elle était encore moins sûre que ça soit aussi le lieu adapté à un..goûter. Enfin, peut-être y aurait-il une quelconque représentation à la fin, des danses par exemple ? Enfin, peut-être y aurait-il une quelconque personne a la fin lui ayant adressé quelques mots, des phrases même ?

Voilà, elle y était. L'entrée de la Mercerie. Poussant silencieusement la porte, elle battit un instant des paupières le temps de s'adapter à l'explosion de couleurs qui s'offrait sous ses yeux. Ebahies, elle marcha comme dans un rêve dans ce cocon irréel, imaginaire, merveilleux. Les tables alignées pour l'occasion supportaient de lourds gâteaux, de douces et piquantes confiseries, viennoiseries, chocolat et pâtisseries de toutes sortes. De nombreux Résineux y étaient et parlaient autour de quelques sucreries.

«- Mhhh ! Oh mon dieu quel délice.

Oh non il s'était retourné. Elle était à quelques mètres et s'était dirigée vers lui sans s'en apercevoir. Ouvrant grand ses yeux, reculant d'un pas lorsque l'inconnu la vit, si elle n'était pas une poupée sa peau aurait déjà viré au cramoisis. Il allait sûrement lui demander comment elle s'appelle.
La jeune Résineuse entre-ouvrit la bouche, cherchant les mots à dire et ne pouvant quitter du regard celui qui tenait encore à la main son..pantin en chocolat.

-Tu..tu aimes le chocolat ? »